Voeu adopté au conseil municipal de Gennevilliers le 19 novembre 2025
Mehdi Ben Barka, homme politique et figure emblématique du nationalisme marocain, de l’anticolonialisme et du socialisme international, a joué un rôle de première place dans la lutte pour la fin du protectorat français sur le Maroc. Par la suite principal opposant au roi Hassan II, il est enlevé le 29 octobre 1965 à Paris, devant la brasserie Lipp, alors qu’il s’apprêtait à rencontrer le Général de Gaule.
Le rôle de la France dans la disparition du principal dirigeant de l’opposition est aujourd’hui une certitude. A l’heure où le Maroc s’apprête à devenir le premier partenaire de la République en Afrique du Nord, au moment où un mouvement social vient éprouver la stabilité du contexte politique marocain et où une crise démocratique en France met à mal les relations de confiance entre les citoyens et leur Etat : les deux pays gagneraient à produire des actes de responsabilité.
Le corps de Mehdi Ben Barka n’ayant jamais été retrouvé, et plusieurs éléments ayant été classés ou placés sous le secret défense, sa disparition n’a jamais pu faire l’objet d’une véritable enquête et est reste classée sans suite.
Son fils Bachir Ben Barka et l’ensemble de sa famille, aux côtés des forces politiques progressistes, des représentants de la justice française et des associations des droits de l’Homme se battent pour que la lumière soit enfin faite sur cette affaire, exigeant vérité, transparence et justice, valeurs fondamentales sans lesquelles notre République ne peut être voué qu’à l’arbitraire.
Considérant l’enlèvement d’un homme politique marocain en France le 29 octobre 1965 dans des circonstances qui n’ont jamais été élucidées,
Considérant que de nombreuses zones d’ombre existent autour de la disparition d’une figure emblématique de l’anticolonialisme, du progressisme et du socialisme, aussi bien au Maroc, où il a mené la lutte contre le protectorat français ainsi que contre les dérives dictatoriales du régime, comme en France, où il s’est exilé et y à soutenu le tiers-mondiste et le panafricaniste,
Considérant que la liberté sur cette affaire est empêchée par l’application du secret défense, qui induit que l’accès à certaines informations peut entraîner une vulnérabilité pour la défense nationale,
Considérant que la France et le Maroc ont récemment constitué un « partenariat d’exception renforcé » entre les deux pays, afin de développer et de consolider leurs relations culturelles, économiques, scientifiques, écologiques, … (entre d’autres secteurs),
Considérant que 60 ans après les faits, la famille de Mehdi Ben Barka, des associations de défense des droits humains, des militants et des organisations politiques revendiquent encore le droit à la vérité et que la justice soit rendue,
Considérant que cette affaire pourrait constituer un crime d’Etat, en contradiction avec les valeurs de justice et de transparence de notre démocratie, et ne respectant pas le principe d’Etat de droit.
Les municipalités signataires demandent à l’Etat français :
- La déclassification et la levée du secret défense sur les archives de l’affaire Ben Barka,
- Une enquête judiciaire pour enfin parvenir à la vérité sur sa disparition,
- La levée de la dissimulation des conditions, des responsables et de toute personne impliquée dans son enlèvement le 29 octobre 1965, ainsi que dans sa mort,
- La coopération judiciaire du Maroc, afin de révéler tous les tenants et les aboutissants de l’affaire,
- La reconnaissance officielle de la disparition de Mehdi Ben Barka, il y a 60 ans, du fait d’un crime d’Etat et rendre hommage à son importance historique en tant que militant anticolonialiste, progressiste et internationaliste.



