
Ce vendredi 6 juin c’est tenu à Montpellier le Comité interministériel des villes tant attendu. Le premier ministre, entouré de moins d’une dizaine de ministre a introduit la réunion sur un ton du bon père de famille qui regrette l’époque mythique de l’ascenseur social grâce à l’école. Il a aussi développé l’idée que dans cette période de disette budgétaire, la volonté politique allait compter. C’est en fait un bon résumé des annonces de ce CIV: beaucoup de paroles influencées par l’appel d’Épinay sous Sénart des associations d’élu-es et peu d’acte.
Une vision positive du bilan des CIV précédents est distillé avec l’idée que 70% des annonces ont été mises en œuvre, ce qui n’est pas le ressenti des associations d’élu-es, ni des associations citoyennes.
Aucune annonce n’est à la hauteur des difficultés vécues par les habitants des quartiers populaires.
Quand les inégalités augmentent, les moyens pour faire face diminuent.
Une certaine pédagogie du renoncement a été déployé par tous les ministres, parlant de volonté politique dans un cadre budgétaire réduit. En quelque sorte « on fait ce qu’on peut avec peu« . Mais qui a décidé de diminuer les recettes de l’État en faisant des cadeaux aux plus riches, créant ainsi un déficit public si ce ne sont les gouvernements successifs macronistes. Une vraie volonté politique proposerait des recettes pour travailler à la résorption des inégalités. Les députés communistes et du NFP ont montré qu’avec des mesures fiscales sur le patrimoine, la taxation des superprofits, et une dizaine de mesure pour prendre de l’argent où il y en a, l’État pouvait récupérer « 50 milliards d’euros de recettes« .
Bref ce CIV annonce une baisse des ressources du droit commun cumulé à une baisse des crédits politiques de la ville pour les quartiers populaires. C’est en fait la double peine.
Le point numéro un des propositions gouvernementales est de travailler à résorber les inégalités sociales dans le développement des enfants et des jeunes. C’est une bonne idée mais où sont les moyens ? La Première ministre de l’Époque Elisabeth Borne était d’accord pour travailler à la superposition de la carte des QPV avec la carte des REP. La ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Borne, ne met pas cela en œuvre. Il est juste proposé de maintenir une attention à ces quartiers. Mais quelle attention quand ce sont dans ces quartiers que la pénurie d’enseignant-e se fait le plus durement sentir ?
Les annonces sont contredites par la réalité de terrain:
- Doubler le nombre d’enfant de moins de trois ans scolarisés, mais avec quel-les enseignant-es dans cette période de pénurie?
- Soutien aux associations, mais les subventions 2025 ne sont toujours pas versées, et la baisses des moyens aux collectivités locales, les baisses de budget de l’État, rendent la vie plus compliquée aux associations.
- Soutien à la politique de la ville mais avec une baisse des subvention politique de la ville
- Pas d’annonce avant le 12 juin sur la demande des élu-es d’un ANRU 3 pérenne, ni sur les moyens pour les réhabilitations énergétiques des immeubles dans les quartiers populaires.
- Rien sur la culture et le sport
En fait, CIV après CIV, nous entendons la même litanie: « nous sommes d’accord avec vous mais Bercy ne veut pas ! » et aujourd’hui s’ajoute « et la France est endettée« .
Mais c’est une dette sociale que la république doit aux habitantes et habitants, aux associations et à la jeunesse des quartiers populaires. Alors que les quartiers sont la solution pour développer une société plus égalitaire, plus respectueuse de la nature, pouvant faire modèle pour développer des politiques d’émancipation dans l’urbanité comme dans la ruralité, le choix gouvernemental reste emprunt d’un dogme: pas touche aux hypers profits, pas touche au système capitaliste qui détruit la nature, le vivant, l’humanité.