Plan Borloo : « la question n’est pas de savoir si c’est trop cher, mais si c’est nécessaire ! »

Patrice Leclerc
Actualités générales

J’ai signé cette tribune avec des maires de toutes tendances politiques.

Les élus de l’Association des Maires d’Ile-de-France montent au créneau après l’intervention du Président de la République sur le thème des banlieues. Les élus franciliens, dans une tribune que nous publions ci-dessous, soutiennent les 19 mesures du plan Borloo et « réclament d’avoir la main sur leur mise en oeuvre » au motif que « la question n’est pas de savoir si c’est trop cher, mais si c’est nécessaire ».

« La » politique de la ville » a 30 ans d’existence.

En 30 ans, les actions se sont multipliées. Nous avons mobilisé des milliers d’acteurs publics et associatifs dans le cadre de la concertation nationale. Malgré ces décennies de réformes en direction des quartiers, le fossé des inégalités n’est pas comblé et un sentiment d’épuisement et de résignation flotte durablement. La crise est plus rapide que nous. Notre défi : aller plus vite. Une mobilisation hors du commun dans la manière de conclure les projets est nécessaire en se fixant des objectifs ambitieux et nous en sommes collectivement capables.

Depuis bientôt 10 ans, nous assistons au détricotage de la politique de la ville. En 2010, Claude Dilain, alors maire de Clichy-sous-Bois, aujourd’hui décédé, avait lancé un appel » à ceux qui ignorent les banlieues « , pour pointer l’amoncellement des difficultés qui submergeaient les banlieues : l’insécurité, le chômage, l’enclavement, l’échec scolaire, le mal logement, la pénurie de services publics… La réforme votée en 2014 aura accentué certaines faiblesses – la simplification de la géographie prioritaire a réduit le nombre de quartiers aidés, leur périmètre, et les crédits de droit commun sont restés inaccessibles – tout en permettant à de nouveaux territoires d’intégrer ces dispositifs.
L’Anru 2 lancée en 2015 n’a pas tenu ses promesses et la situation empire. Au-delà des difficultés strictement sanitaires et sociales, les inégalités persistent.
Dans les quartiers populaires, l’espérance de vie est réduite de trois ans par rapport à la moyenne nationale.
Selon le rapport 2017 de l’Insee Ile-de-France, plus d’un tiers des 1,6 million d’habitants des 272 quartiers franciliens en politique de la ville vit en dessous du seuil de pauvreté.
Et la situation est identique dans nos territoires ruraux. Le parallèle entre les quartiers populaires et les territoires ruraux est facile, les handicaps sont les mêmes.

La République doit reprendre pied dans les quartiers.

Nous devons collectivement reposer la question que nous avions déjà posée en 2015 : voulons-nous réellement que la République réinvestisse les quartiers ? Si la réponse est oui, alors aidez-nous à le faire ! Sinon, assumons collectivement que ce sont des quartiers » SAS » et donnez-nous les moyens de les gérer.

Nous devons lutter contre un sentiment de relégation sociale et territoriale et nous pouvons encore redresser la situation.

Le fait que le Président de la République ait commandé ce rapport à Jean-Louis Borloo donne de l’espoir. Son passé, de Maire de Valenciennes, puis de ministre, plaide pour celui qui est à l’origine de l’Anru et du plan de cohésion sociale. Certes, Jean-Louis Borloo, c’est de la dépense publique, mais Jean-Louis Borloo, ce sont aussi des résultats.

Car la question n’est pas de savoir si c’est trop cher, mais si c’est nécessaire.

Nous, maires de quartiers en politique de la ville, nous sommes comme la salle d’attente d’un médecin. Une fois soigné, le patient part dans les six mois et est remplacé par un nouveau dans une situation pire encore.
Nous n’en sortirons jamais.
Nous sommes devenus, de fait, des spécialistes de ces questions, en première ligne, et nous avons toute notre place au côté d’un État stratège.

Cette ambition nouvelle doit nous donner les moyens pour agir, mais aussi et surtout simplifier les processus, assouplir les règles entre un État ambitieux ET des territoires communaux et intercommunaux, véritables chefs de file.

Plus simple, plus vite, plus proche pour un nouveau cycle des politiques de cohésion sociale et territoriale, pour la reconquête par la République de tous les territoires de France.

Maintenant, nous attendons du Président de la République des actes !

Signataires :

Stéphane Beaudet, président de l’Association des Maires d’Ile-de-France (AMIF), maire de Courcouronnes (91) (notre photo)
Francis Chouat, maire d’Evry et président de la Communauté d’Agglomération Grand Paris Sud Seine-Essonne-Sénart (91)
Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes (78)
Jean-Pierre Barnaud, maire de Chennevières-sur-Marne (94)
Jacques-Alain Benisti, maire de Villiers-sur-Marne (94)
Patrice Bessac, maire de Montreuil (93)
Bruno Beschizza, maire d’Aulnay-sous-Bois (93)
François Bouchart, maire de Roissy-en-Brie (77)
Aline Cabeza, maire de Fleury-Mérogis (91)
Patrice Calmejane, maire de Villemomble (93)
Claude Capillon, maire de Rosny-sous-Bois (93)
Sylvie Carillon, maire de Montgeron (91)
Laurent Cathala, maire de Créteil (94)
James Charon, maire de Montereau-Fault-Yonne (77)
Hervé Chevreau, maire d’Epinay-sur-Seine (93)
Raphaël Cognet, maire de Mantes-la-Jolie (78)
François Durovray, président du Conseil départemental de l’Essonne et président de la Communauté d’Agglomération Val-d’Yerres Val-de-Seine (91)
Bruno Gallier, maire de Brunoy (91)
Michel Gerchinovitz, maire d’Alfortville (94)
Yannick Hoppe, maire du Bourget (93)
Philippe Houillon, maire de Pontoise (95)
Patrick Jarry, maire de Nanterre (92)
Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses (94)
Aude Lagarde, maire de Drancy (93)
Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers (92)
François Lecoufle, maire de Limeil-Brévannes (94)
Xavier Lemoine, maire de Montfermeil (93)
Françoise Marhuenda, maire des Ulis (91)
Nicolas Meary, maire de Brétigny-sur-Orge (91)
Eric Mehlorn, maire de Savigny-sur-Orge (91)
Christian Metairie, maire d’Arcueil (94)
Karl Olive, maire de Poissy (78)
Jean-François Oneto, maire d’Ozoir-la-Ferrière (77)
Frédéric Petita, maire de Sainte-Geneviève-des-Bois (91)
Serge Poinsot, maire de Vigneux-sur-Seine (91)
Georges Puals, maire d’Epinay-sous-Sénart (91)
Christine Rodier, maire d’Athis-Mons (91)
Sophie Rigault, maire de Saint-Michel-sur-Orge (91)
Laurent Rivoire, maire de Noisy-le-Sec (93)
Philippe Rouleau, maire d’Herblay (95)
Laurent Russier, maire de Saint-Denis (93)
Nicolas Samsoen, maire de Massy (91)
Michel Teulet, maire de Grigny (93), président d’honneur de l’Amif
Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Chatillon (91)
Louis Vog
el, maire de Melun et président de la Communauté d’Agglomération Melun Val-de-Seine (77)

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